La dérobée de Sophie de Baer

La-derobee

La dérobée de Sophie de Baer

Éditions Anne Carrière

Sortie le 13/04/2018

Note : 5/5


 

Claire a une petite vie… Banale, classique, sans originalité, sans éclat… C’est elle qui le dit, et cela lui convient. Elle est l’épouse de François, employé de banque, et mère de Victor et Solène, pour qui elle donnerait tout mais dont elle n’est pas très proche. Elle travaille dans une épicerie sur une aire d’autoroute et a peu d’amies. Tout aurait pu continuer comme ça, sans vague, si elle ne croisait pas son grand amour, son amour fou, celui de sa jeunesse, Antoine, qui vient d’emménager dans l’appartement au-dessus de chez elle, à Nice. Lui reviennent alors les souvenirs, ceux qui ont fait battre son cœur, ceux qui l’ont vu grandir et ceux qui finalement l’ont éteinte…

On ne peut pas dire que mon existence soit un écrin de béatitudes, mais elle ne m’apparaît pas non plus comme un lourd fardeau. C’est plutôt un bain moussant qui tiédit et qu’on hésite à quitter car on s’y sent trop alangui. Malgré la peau qui se fripe. Malgré la mousse qui s’étiole et nous signifie qu’il faut sortir.

Sophie de Baer signe ici un magnifique premier roman. A la fois tendre et cruel, il met en lumière les premiers amours, les plus innocents, les plus vrais, mais ceux aussi qui peuvent à jamais rendre terne les suivants.

Je n’ai pas pleuré. Cela faisait déjà bien longtemps que mes yeux ressemblaient à deux infinis déserts. J’étais devenue un pantin de sable. Sec. Lourd. Friable.

Claire a aimé, et aime encore passionnément Antoine, dont elle n’a plus de nouvelles depuis plus de vingt ans. Ils se sont rencontrés dans le petit village de Claire, alors qu’Antoine, parisien, y venait chaque été.
Suite à la mort accidentelle de son frère, Claire est une enfant qui s’efface, qui n’existe pas. Auprès d’Antoine, elle respire, elle revit. Mais un drame va bouleverser ses étés heureux et elle perdra alors l’homme de sa vie.
A 40 ans, croyant que sa vie lui suffit, elle va revenir sur sa jeunesse, sur cet homme et son père, sur les drames qu’elle a vécu. Et si son quotidien n’était finalement pas suffisant ?

L’indifférence de mon père puis ma relation chaotique avec Antoine ont, je crois, fixé en moi une sensation d’insuffisance. Je ne suis jamais assez.

Pas assez jolie. Pas assez intelligente. Pas assez efficace. Pas assez drôle. Je suis l’incarnation du manque. Du presque-vide. Et s’il m’arrive quelque chose de bien, ce ne peut être qu’un hasard ou un incident.

Avec beaucoup de justesse, avec des mots choisis et pesés, Sophie de Baer nous touche et nous émeut à travers le regard qu’elle fait glisser sur ses personnages. On tourne les 236 pages de ce roman avec avidité, avec soif de plus, toujours plus… Des chapitres courts, des sentiments volés au temps, des personnages blessés pour qui rien n’est calculé… Et au final, un roman lumineux…

Un immense merci aux 68 premières fois pour cette sublime découverte…

68 premières fois

5 réflexions sur “La dérobée de Sophie de Baer

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