Filles du vent de Mathilde Faure

Editions Charleston

Sortie le 09/03/2021

Note : 4/5

Parce qu’à 16 ans elles sont déjà fatiguées d’être invisibles, parce qu’elles veulent exister, compter, aux yeux de tous, parce qu’elles veulent que le monde les entende et les écoute, Assa, Lina et Céline préparent leur fugue. L’Escale, ce foyer non-mixte d’Argenteuil, est devenu leur maison. Chacune a ses raisons, ses doutes et ses questions pour partir ainsi à l’aventure. de ce périple, elles reviendront grandies…

Comment ne pas être touchée par le roman de Mathilde Faure. Comment ne pas être révoltée aussi…
Assa, Lina et Céline sont des filles de l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance. C’est ainsi qu’on les définit. Mais ce n’est pas l’image qu’elles veulent renvoyées. Ce n’est pas à travers le regard fuyant, méprisant ou hautain des passants qu’elles veulent se voir. Ce n’est pas cette étiquette qui les caractérise…

La violence, c’est le silence. Le silence de celles et ceux qui pourraient parler, dont on attend qu’ils parlent, mais qui ne parlent pas.

Se construire une carapace, faire le « bonhomme » ou la « prostituée », crier avant et plus fort que l’autre, taire son passé… Elles ne veulent plus de ces silences. Elles veulent trouver leur place.

Alors elles mettent des mots sur leur souffrance. Elles se libèrent de leurs histoires, de leur trop lourds fardeaux. Ensemble, elles vont placarder sur les murs leurs messages.

Etre courageux, c’est sortir du rang, résister à un ordre que l’on trouve injuste. Le courage, c’est assumer sa différence. C’est refuser d’être invisible.

Mathilde Faure ne s’attarde pas sur les violences, sur ce qui les a amenées à être placées. le sujet n’est pas l’avant, mais bien l’après.

Parce que ces enfants commencent leur vie dans le noir, parce que leur histoire freine leur envol, empêche leurs espoirs et bâillonne leurs cris, ce roman leur rend leur place. Celle d’hommes et de femmes en devenir, dont le courage n’a d’égal que la force qui les anime… Puisse-ils être entendus.