Les refuges de Jérôme Loubry
Editions Calmann Lévy
Sortie le 04/09/19
Note : 5/5
Sandrine erre sur une plage de Normandie, seule, hagarde, ses vêtements couverts de sang. Elle ne semble pas blessée, simplement désorientée. Elle tient un discours mouvementé sur une île, des enfants qu’on aurait noyé et le Roi des Aulnes, un monstre terrifiant. Une fois en sécurité dans sa chambre d’hôpital, Sandrine va être prise en charge par Véronique, une psychiatre consciencieuse et professionnelle, et Damien, un inspecteur réfléchi et calme. De quoi parle Sandrine, comment démêler le vrai du faux, sur quels chemins tortueux va-t-elle les emmener ? Si aucun des deux ne le sait, nous encore moins…
Après tout, que devient un cauchemar quand vous le videz de son potentiel effrayant ? Un rêve, tout simplement.
Quel roman ! Quelle histoire ! Quel travail ! Ayant découvert Jérôme Loubry avec Les chiens de Détroit, puis Le douzième chapitre, je me savais en bonne compagnie. Mais je me pensais tranquille, ballotée au gré de personnages attachants et attachés, comme dans ses 2 précédents romans.
Je suis en fait époustouflée, tant par le travail qu’on sent extrême, par l’écriture précise et fine, que par l’histoire enfin qui est totalement hallucinante.
Je me suis retrouvée tour à tour sur une île, isolée des miens, apeurée par l’horreur que je sentais pointer, puis dans cette petite ville, avec cet inspecteur, profondément meurtri, faisant face à un deuil impossible. J’ai avalé les pages, ne cherchant qu’à comprendre, ne souhaitant que la vérité… Pour ne plus être torturée…
A quel moment de vient un monstre ? Est-ce par lâcheté ? Par instinct de survie ? Par amour ?
C’est un roman bluffant, sincèrement humain, avec une âme à la fois terrible et en même temps touchante. C’est une histoire où pointe le mensonge derrière chaque petite vérité. C’est un livre qui pourrait se relire sans qu’on ne sache vraiment où il nous emmène…
Mon année de lectures commence plutôt bien. Il me sera certainement difficile d’égaler les émotions ressenties une fois la dernière page de ce roman tournée…
Le temps use tout. Les hommes surtout…
Merci M. Loubry… Et faites que nous restions vos refuges encore longtemps, s’il vous plaît, très longtemps…