Les mouches bleues de Jean Michel Riou

Les mouches bleues de Jean-Michel Riou

Editions Plon

Sortie le 14/01/2021

Note : 4/5


 

Alex est polonais, jeune et amoureux quand la seconde guerre mondiale éclate. Journaliste, il écrit des textes, est artiste à ses heures et n’imagine pas que ses morts viendront heurter le régime nazi. Il est pourtant déporté à Sachsenhausen. Et l’enfer s’ouvre à lui et tous ses compagnons d’infortune. Il revêt la tenue rayée, souffre de faim, de froid, des violences gratuites des nazis mais il se promet de ne jamais oublier le moindre nom, le moindre visage des fantômes qu’il croise durant toute sa détention. Pour aider sa mémoire, et remonter le moral de ses amis, Alex va écrire des chansons et organiser des concerts secrets. La musique aide alors chacun d’entre eux à survivre…

On croit souvent tout connaître des camps de concentration. On a tous en mémoire des images terribles, des histoires atroces. Celle d’Alexander Kulisiewicz est particulièrement touchante.

Les cris, les injures, les insultes s’oublient. Les voix s’élèvent, effaçant les brimades, les violences, les affronts, l’injustice. La dignité revient.


Le roman est centré sur ce personnage qui a réellement existé. le propos de l’auteur, et c’est ce que j’ai aimé dans cette lecture, n’est pas de nous raconter la vie des camps. Les violences et les sévices sont survolés, chacun comprend derrière les mots les conditions terribles dans lesquelles vivent ces hommes.
Jean-Michel Riou s’attache plutôt à tout ce qui unit ces déportés : l’amitié, le courage, la solidarité. Il évoque cette musique dans laquelle chacun puise sa force.

Les paroles et les notes existent pour soigner les plaies, cajoler nos âmes. Et ne rien oublier.


Mettre des mots sur ces douleurs, ces colères, ces injustices et ces souvenirs aident ces malheureux à les supporter…
Les hommes, comme Alex, qui réchapperont de ces camps ne seront plus jamais les mêmes. Ce devoir de mémoire que s’est astreint Alex à travers ses chansons est un hommage touchant à toutes ces âmes perdues…

Et si hier et demain ne comptent pas, il reste aujourd’hui où, pour survivre, puisqu’il s’agit de ça, je n’ai que les chants d’ici.


Merci à NetGalley et aux Éditions Plon pour leur confiance