Le roi fantôme de Maaza Mengiste

Le roi fantôme de Maaza Mengiste

Editions de l’Olivier

Sortie le 07/01/2022

Note : 4/5


 

En 1935, l’Ethiopie est envahie par les soldats de Mussolini. Malgré la fuite de leur empereur, les soldats éthiopiens organisent le front, la résistance, le combat. Ils ne laisseront pas leur pays, leurs terres, leurs villages aux mains des italiens. Ils vont se battre. Ils se dressent alors avec pour seules armes leur courage, leurs espoirs et leur audace. Aux côtés de Kidane et de ses fidèles soldats, les femmes décident de ne pas rester dans l’ombre…

Le roi fantôme est un roman tout aussi percutant qu’efficace. L’écriture, incisive et tranchante, nous saisit. C’est sur le champ de bataille, entre violence et cruauté, que nous assistons à l’héroïsme méconnu des éthiopiens.

Comme dans toute histoire, les points de vue divergent. Que ce soit le regard d’un colonel sur ses devoirs de guerre, celui d’un chef armé sur sa résistance, ou encore celui apeuré d’un simple soldat qui se doit d’obéir, les images qu’ils nous offrent sont intolérables. Chaque camp cache des horreurs, des peurs, des hontes. Chaque faction a de bonnes raisons de se battre et justifie ses actes.

Les morts sont plus forts que nous. Ils ne connaissent pas de limites physiques. Ils se nichent dans les recoins de la mémoire avant de ressurgir, résistant à tous nos efforts pour les laisser derrière nous, leur accorder le repos.


Et puis il y a l’œil de ces femmes… Toutes celles qui refusent l’ombre. Toutes celles qui se tiennent droite, debout, malgré les coups qu’on porte à leur corps comme à leur âme. Toutes celles qui, malgré un coeur brisé, se relèvent et affrontent leurs démons… Elles peuvent être aussi cruelles qu’aimantes, remplies de colère comme de compassion. Elles sont la lumière dans les ténèbres de cette guerre, de ces haines, de ces trahisons.

Le temps n’est plus à faire comme si vous n’étiez qu’une épouse ou une sœur ou une mère. Nous sommes bien plus que ça.


Hirut, fille de Getey et de Fasil, née dans un temps de moisson bienheureuse, ta mémoire perdurera. L’oubli ne t’effacera pas. Tu as ta place parmi les hommes, parmi les forts et tu mérites toute notre admiration…

Nos seules possessions, ce sont nos souvenirs. Tout ce qui est digne de vie est digne de mémoire. N’oublie rien, jamais.