
Celle qui criait au loup de Delphine Saada
Editions Plon
Sortie le 13/01/2022
Note : 5/5
Albane est une infirmière parfaite. Mais derrière cet adjectif se cache souvent un grand mystère. C’est parce qu’elle est solitaire, parce qu’elle est efficace, parce qu’on ne sait rien d’elle, que ses collègues ont d’elle une image modèle. Albane est lisse, froide, autoritaire. Quand elle rentre de l’hôpital, c’est avec le même détachement qu’elle s’occupe de ses 2 enfants. Elle ne s’encombre pas de gestes tendres, ne prend aucun plaisir aux moments en famille. Chacun se fait une raison, jusqu’au jour où Albane ne peut réprimer un sentiment étrange, qui gronde au fond de son ventre…
J’ai eu besoin d’une nuit pour mettre des mots sur ce premier roman, qui m’a fait l’effet d’une bombe.
La tension est palpable tout au long de l’histoire. Comme pour Albane, on sent monter au fond de nous quelque chose d’étrange, de troublant, de dérangeant.
Ce sentiment s’ajoute à notre incompréhension. Albane est une femme si hermétique qu’on a beaucoup de mal à ne pas la rejeter. Comme elle, on reste insensible à tout ce qu’elle représente. Son aura est grise, floue, glaçante même…
A l’inverse, on se prend d’affection soudaine pour Emma, cette petite fille pleine de vie, qui cherche le regard de sa maman, un geste tendre, une reconnaissance…
Ce roman est un véritable coup de poing. Mais je n’en dirais pas plus, pour ne rien dévoiler, pour laisser à chacun le plaisir de découvrir ce qui se cache derrière ces silences, ces douleurs, ces difficultés à aimer…
Je peux tout de même vous dire qu’il vous faut vite suivre les pas d’Albane et Emma si vous ne l’avez pas déjà fait. Suivez l’histoire d’une petite fille à qui on a arraché la lumière, dont on a piétiné l’enfance. Offrez votre main, votre épaule solide pour l’aider à se relever, et à ne pas rejouer les violences du passé…