Rien ne t’appartient de Natacha Appanah

Rien ne t’appartient de Natacha Appanah

Editions Gallimard

Sortie le 19/08/2021

Note : 4/5


Tara a perdu son mari il y a 3 mois. Au-delà du chagrin, du manque, le poids de l’absent fait remonter tout un passé qu’elle croyait enfoui. Elle est floue, perdue, comme si son être s’effaçait et que son ancien corps demandait à revenir. Elle danse, elle voit ce garçon au visage doux, elle entend des voix qui lui rappellent qu’elle se nomme Vijaya… Victoire…

Natacha Appanah nous entraîne dans un pays qu’elle ne nommera pas. Un pays qui tue pour des idées de trop, qui emprisonne pour cacher un corps qui a trouvé la sensualité, qui maltraite des jeunes filles orphelines et perdues.

Le temps est caoutchouteux quand on a peur, il ressemble au tableau de Dali, il fond, il se déforme, il dégouline et on ne sait si c’est le jour ou la nuit, si ce sont des minutes qui s’écoulent ou des heures entières.

Lorsque le roman commence, dans le salon de Tara, il y a comme un voile qui recouvre tout. Des bribes de souvenirs refont surface, sans qu’on en comprenne le sens, sans qu’on en perçoive le but. Et doucement, avec beaucoup de pudeur, Tara se confie.
Elle nous offre alors toute la chaleur d’un foyer, la perte déchirante de ses parents et la lente descente vers son enfermement.

Nous autres, filles gâchées, comprenons mieux que quiconque l’inutilité des paroles quand remontent le manque et le chagrin.

Natacha Appanah réussit en peu de mots, en peu de phrases, à nous émouvoir. Sa poésie, sa justesse, sa fluidité. Tout est là… Et Vijaya nous apparaît. Et si rien ne lui appartient, elle a conquis mon cœur et forcé mon admiration…